Le diesel en déclin dans un marché en hausse
Auteur: S.E.
C'est le type de carburant le plus consommé en France, où les voitures à gazole représentent 80% du parc automobile. Mais l'immatriculation de voitures diesel est pour la première fois en baisse depuis 2000. Retour sur les causes de ce changement.
Le dépassement des voitures à essence
Longtemps préféré à l'essence, le diesel semble aujourd'hui connaître un véritable déclin. En 2017, pour la première fois depuis l'année 2000, les immatriculations de voitures à essence ont dépassé celles des voitures diesel dans l'Hexagone. Le quota des voitures diesel immatriculées en France est descendu à 47,29%, tandis que celui des voitures à essence a augmenté de 14%, pour arriver à 47,58% des nouvelles immatriculations. En termes absolus, l'an passé, 998 124 voitures diesel ont été enregistrées contre 1 004 310 voitures à essence.
Un marché florissant
Tout cela, révèle le CCFA (Comité des Constructeurs Français d'Automobile) se passe dans un contexte général florissant : en 2017 le marché a augmenté de 4,7%, amenant à presque 2 111 000 les nouvelles immatriculations. Si les motorisations sont à égalité quasi parfaite, les hybrides atteignent 3,35% (+39% en un an), les électriques 1,2% (+19%) et les hybrides Plug in 0,6%: ce sont elles qui enregistrent le plus haut taux de croissance (+56%).
Le diesel, une passion française
La France est l'un des pays européens où le marché des voitures diesel était le plus florissant : et pour cause, car le prix avantageux du gazole est le résultat de différentes politiques d'allégement fiscal. Pour trouver la première, il faut remonter à la fin de la seconde guerre mondiale, quand le gouvernement décida d'aider paysans et routiers en baissant les taxes sur le gazole, carburant des tracteurs et camions. Une deuxième phase d'allégement fiscal a eu lieu au cours des années 70, quand de nouvelles mesures fiscales furent de nouveau prises pour inciter les Français à consommer du gazole.
Une taxation plus légère sur le carburant, ainsi qu'une série d'avantages fiscaux sur l'achat des véhicules diesel, avec par exemple la déduction de la TVA, caractérisent la politique automobile française jusqu'à la moitié des années 2010. Mais, depuis 2015, on a assisté à un virage à 180° de la politique du gouvernement.
Prix à la pompe : le coup de grâce ?
Comme les automobilistes l'auront déjà remarqué en ce début d'année, les taxes sur les carburants ont été revues à la hausse, avec une conséquence immédiate à la pompe. Les prix ont déjà fortement augmenté, entraînant la grogne des consommateurs. Le diesel prend environ 10 centimes par litre contre 6 centimes pour l'essence 95, réduisant la différence entre les deux, respectivement à 1,39€ et 1,47€ par litre en moyenne. L'objectif du gouvernement est d'aligner le prix du gazole sur celui de l'essence d'ici 2021, pour pousser les automobilistes à renoncer aux voitures diesel, que l'on accuse d'émettre davantage de particules fines que leurs homologues à essence.
Fin du diesel ou changement de système ?
La décision de faire converger la fiscalité de l'essence et du diesel entre dans une politique plus ambitieuse du gouvernement, qui vise à interdire la vente de voitures diesel ou à essence d'ici 2040. Pour encourager les propriétaires de voitures polluantes à changer pour des modèles plus propres, le gouvernement a revu les critères de la "prime à la casse" : désormais elle est ouverte à tous ceux qui mettent au rebut un ancien véhicule très polluant pour acheter un modèle propre, qu'il soit neuf ou d'occasion. Cette prime peut monter jusqu'à 2 500 € pour l'achat d'une voiture électrique : de quoi reconsidérer sérieusement la question !